Utilisé comme engrais, le phosphore provenait autrefois du fumier. Aujourd’hui, il est essentiellement importé de Chine ou du Maroc sous forme de minerai pour répondre au besoin de l’agriculture industrielle. Les spécialistes considèrent que les gisements commencent à s’épuiser et que l’on devrait atteindre un pic pour le minerai phosphaté vers 2030. La Chine d’ailleurs vient de mettre en place une taxe de 110% à l’exportation du phosphore.
Pour remédier à cette perspective de pénurie, la Suisse s’est posée la question soit d’extraire en bout de chaîne le phosphore dans les cendres d’épuration après épandage du phosphore dans les terres cultivées et dilution dans les eaux pluviales ; soit de le récupérer à la source dans l’urine (chaque jour, nous excrétons 1,5g de phosphore par personne).
Le projet de recherche transdisciplinaire Novaquatis mené par l’Institut de recherche de l’eau des Ecoles polytechniques Suisse (Eawag) a décidé d’explorer la seconde hypothèse.
Le développement de la technologie Nomix issue du projet Novaquatis vise à explorer le traitement séparé des urines et leur recyclage en éléments fertilisants (phosphore, azote, potassium) à partir des toilettes domestiques et publiques.
Si les enquêtes menées ont pu démontrer un taux d’acceptation sociale important (+ de 80%), le déploiement de la technologie Nomix se heurte encore à la frilosité des industriels du sanitaire qui doutent de la possibilité d’un fort marché potentiel. Pour l’instant le kit Nomix comprenant l’achat, la pose de toilettes, le traitement représente un investissement de 2000 FS).
Toutefois, les différents pilotes menés en Suisse, en Allemagne, au Danemark et en Autriche attestent des avantages plausibles de cette technologie et de son innocuité :
- Elimination des micropolluants (médicaments, hormones) par nanofiltration ou électrodialyse,
- Vérification de la qualité hygiénique de l’engrais produit et de son potentiel de fertilisation,
- Solutions de traitement décentralisé à l’îlot, au bâtiment pour remédier au transport de l’urine.
Un partenariat technologique avec la Chine a été mis en place où la séparation des urines était autrefois très répandue dans les campagnes. La solution est expérimentée pour lutter contre les phénomènes d’eutrophisation des zones côtières où les réseaux d’assainissement s’avèrent sous-dimensionnés pour répondre à l’extension urbaine.
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