Largement médiatisé, le Village vertical apparaît comme une opération phare d’un mouvement qui tente de réinventer le statut de coopératives d’habitants en France, notamment autour de l’association Habicoop. On y débat de propriété collective dans une posture anti-spéculative. Mais ce projet est aussi, et peut-être avant tout, une histoire collective menée par un groupe d’« aventuriers du quotidien » pour reprendre et déplacer l’expression de Catherine Bidou-Zachariansen (1984). Portés par le désir de vivre autrement et par une exigence citoyenne qui les conduit à revendiquer un « dialogue à égalité » avec les pouvoirs publics, ils ont la conviction de faire œuvre de pionnier pour un droit à la ville et à un habitat choisi. Si cette opération est emblématique de l’effervescence actuelle autour de l’habitat dit alternatif, elle en révèle aussi les contradictions et les fragilités, dans un environnement institutionnel qui peine à s’adapter aux logiques d’expérimentation.